Les confessions
"Les Confessions / Jean Starobinski"
Contribution proposée par Gilles Panabières
Agrégatif de lettres Modernes 2013
J. Starobinski a écrit à propos des Confessions :
« La vérité que Rousseau veut nous communiquer n'est pas l'exacte localisation des faits biographiques, mais la relation qu'il entretient avec son passé. Il se peindra doublement, puisqu'au lieu de reconsidérer simplement son histoire, il se raconte lui-même tel qu'il revit son histoire en l'écrivant. Peu importe alors qu'il comble par l'imagination les lacunes de sa mémoire ; la qualité de nos rêves n'exprime-t-elle pas notre nature ? » (J.J. Rousseau : la transparence et l'obstacle).
Dans quelle mesure votre lecture des C. vous permet-elle d'éclairer ces propos ?
Dissertation
Rarement un écrivain a-t-il été aussi controversé que Jean-Jacques Rousseau, en son temps et même après : comme penseur politique et philosophique, il a été caricaturé par ses contemporains, Voltaire lui écrivant avec son ironie habituelle qu’en lisant Le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, « il prend envie de marcher à quatre pattes » ; comme homme, Rousseau s’est fâché avec à peu près tous ses contemporains illustres, de Diderot à Hume, en passant par d’Holbach, Grimm et Voltaire ; comme homme de lettres, enfin, on s’est rapidement offusqué contre ses Confessions, d’abord lors des lectures publiques qu’il donne en 1670, qui furent rapidement interdites, sans doute par l’entremise de Mme d’Epinay, ensuite lors de la première publication de l’autobiographie, en 1682. Parmi les reproches faits à Rousseau, la revue L’Année littéraire relève l’inintérêt des « fadaises de son enfance », ainsi que le caractère choquant de certains de ses aveux et l’orgueil de son auteur. Par la suite, la question de la véracité des Confessions a longtemps été au cœur des débats : Rousseau a-t-il vraiment été aussi sincère qu’il le prétend