Les crises financières et cycle économique
On dit souvent que le capitalisme est synonyme de crise, qu’il se nourrit des crises, ou encore que sa « faculté d’adaptation » est sans limites, laissant ainsi entendre qu’il est indestructible. En réalité, il faut distinguer les crises cycliques, conjoncturelles, et les crises systémiques, structurelles, comme celles qui ont eu lieu entre 1870 et 1893, lors de la Grande Dépression de 1929-1930, ou encore entre 1973 et 1982, lorsqu’un chômage structurel a commencé à apparaître dans les pays occidentaux. Les cycles économiques, qui ont été décrits par des économistes comme Nicolas Kondratieff (mort en 1930) ou Joseph Schumpeter (mort en 1950), s’inscrivent dans ce que l’historien Fernand Braudel appelait le temps de la « longue durée ». Les cycles mis en évidence dès 1926 par Kondratieff sont des cycles de l’ordre de 40 à 60 ans, qui se décomposent en deux phases. Dans la phase ascendante, les profits sont fondamentalement générés par la production, tandis que dans la phase B, le capitalisme, pour continuer à faire augmenter les profits, doit se financiariser. Les capitaux deviennent de plus en plus des titres de spéculation sur l’avenir, perdant leur fonction d’investissements nécessaires au travail. La phase A, caractérisée par l’invention et la diffusion d’innovations nombreuses, s’accompagne progressivement d’un excès d’investissements, réalisé pour faire face à la concurrence, ce qui provoque une hausse des prix et des taux d’intérêts, prélude à un retournement du cycle. Dans la phase B, descendante, on assiste à un endettement massif tant de la part des Etats que des ménages. Parallèlement à la suraccumulation du capital, le renforcement du pouvoir financier devient le levier déterminant de toute stratégie visant à augmenter la rentabilité du capital. Au stade final, les « bulles » spéculatives explosent les unes après les autres, le chômage augmente, les faillites se multiplient, etc. Dans un climat de destruction