Les dassault, une succession de haute voltige
Charles-Emmanuel Haquet - publié le 01/06/2010
http://www.lexpansion.com/economie/les-dassault-une-succession-de-haute-voltige_233019.html
Serge n'est pas près de lâcher la direction du groupe, mais ses fils, Olivier et Laurent, piaffent pour le remplacer. Tradition familiale oblige, le passage de relais est un vrai psychodrame.
C'est promis, il a tout pardonné. L'été dernier, Laurent Dassault avait très mal vécu les déclarations de son frère Olivier dans le journal La Croix. Celui-ci s'était proclamé "le plus qualifié" pour succéder à son père Serge, l'actuel patron de l'empire familial. Réaction outrée de la fratrie - Marie-Hélène, Laurent et Thierry - et communiqué très sec du patriarche : "Ma succession n'est pas ouverte." Et il n'y a pas de dauphin désigné.
Vraiment ? Pour Olivier, pourtant, cela ne fait aucun doute. Ce n'est pas lui qui le dit, c'est Nicolas Sarkozy. "Le président envisageait de me proposer le poste de secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, l'an dernier. Il y a renoncé lorsque mon père lui a confié qu'il m'avait désigné comme successeur", a-il récemment expliqué... en petit comité, cette fois.
Voilà qui risque de remettre de l'huile sur le feu. Quelle forfanterie ! Oser réclamer le pouvoir, alors que le patriarche, 85 ans, est encore en pleine forme et n'a aucune intention de céder le manche. N'a-t-il pas, lui-même, attendu ses 61 ans et la mort de son père Marcel pour prendre la direction du groupe ? Ça se passe comme ça, chez les Dassault. On ne transmet pas le témoin. On l'attend, sa vie durant. Ce n'est que lorsqu'il tombe à terre que l'on peut le saisir, à l'âge où d'autres partent à la retraite. L'histoire risque fort de bégayer. Olivier aura 60 ans en 2011, Laurent file vers ses 57 ans. Mais pourquoi leur père ne les prépare-t-il pas au pouvoir ? Les estime-t-il indignes de lui succéder ? Ou veut-il leur faire subir son propre chemin de croix ?
Il n'y a pas place pour deux