Les dates et la genèse de l’oeuvre
En juillet 1870, Maupassant rejoint l’armée. Il est affecté dans les services d’Intendance et en septembre, il vit la débâcle de l’armée à
Rouen avant de rejoindre Paris. Il a donc été le témoin de ce qu’il décrit dans les premières pages de Boule de suif : la déroute de l’armée française face aux Prussiens et l’arrivée de l’occupant allemand dans la ville.
Le conte Boule de suif paraît pour la première fois en avril 1880 dans un recueil collectif, Les Soirées de Médan, où fi gurent aussi, entre autres, des textes de Zola et Huysmans. Lors de la séance de lecture précédant la publication de ce texte, les amis de Maupassant s’accordent à dire que cette nouvelle est sans conteste la meilleure du recueil.
Lorsque le texte est publié, Maupassant reçoit un mot de Flaubert, le maître qu’il admire tant, très enthousiaste : « Il me tarde de vous dire que je considère Boule de suif comme un chef d’oeuvre ! […] Ce petit conte restera, soyez-en sûr ! ».
Dans la préface que Nicolas Millet signe pour l’édition de Boule de suif chez Pocket, il signale un fait-divers dont Maupassant a sans doute eu connaissance, paru le 5 janvier 1871 dans le Journal du Havre : « Une jeune comédienne, voyageant entre Rouen et Dieppe, fut arrêtée par un offi cier prussien à Tôtes, qui la conduisit dans l’auberge voisine pour vérifi er ses papiers. Elle ne reparut que le lendemain matin et les voyageurs comprirent, en voyant le trouble de la jeune femme, ce qui s’était passé. » La genèse de la nouvelle est