Les dieux dans l’illiade.
Sont appelés "héros" dans l'Iliade tantôt tous les guerriers, tantôt seulement les plus vaillants, les chefs. En fait apparaissent comme "héros épiques" ceux à qui le poète a donné la gloire à travers ses chants. Mais ces héros chantés par les hommes à cause de leurs exploits sont les mêmes qui sont l'objet d'une bienveillance divine. La guerre épique ne peut se concevoir pour les Grecs sans les dieux, et il faut donc, pour comprendre le sens de l'exploit héroïque, mesurer le rôle des dieux dans l'action ainsi que leur solidarité avec le destin. Qui sont les dieux d'Homère ? Il ne s'agit pas de dieux transcendants, extérieurs au monde : créés par des puissances primordiales, ils ne sont ni éternels, ni omniscients, ni omnipotents. Les dieux de l'Olympe forment une société qui reproduit ou prolonge la société humaine avec sa hiérarchie. Entre eux, ils se distinguent par une différence dans la quantité de pouvoir dont chacun dispose, mais aussi par les domaines divers où cette puissance peut s'exercer. Ils sont en outre assez différents pour connaître des rivalités. Le conflit des Achéens et des Troyens les divise en fonction de leurs affinités avec l'un ou l'autre camp, et aussi en fonction de leurs rancunes : Athéna et Héra, par exemple, se rangent logiquement contre le Troyen Pâris qui leur a préféré Aphrodite. Ainsi le combat des hommes suit, dans sa ligne incertaine, l'évolution du différend qui oppose les dieux. Car "les dieux sont là, à serrer sur les deux partis le nœud de la lutte brutale et du combat qui n'épargne personne, le nœud qu'on ne rompt ni dénoue, mais qui brise les genoux à des combattants par centaines" (chant XIII). Jamais comme dans le chant XX, ces "camps" ne sont plus nets : Apollon a contribué à la mort de Patrocle, et Zeus, partagé entre les deux armées, est cette fois irrité de voir Hector porter les armes d'Achille. L'assemblée des dieux paraît à cet instant comme un récapitulatif des forces offertes aux