La Dimension de Masculinité/Féminité et ses Implications pour les Organisations dans une Perspective cross-nationale
Geert Hofstede

« Bonjour Mesdames, Messieurs. C’est un très grand plaisir d’être de retour ici, c’est un retour aux sources. Mes recherches sur les influences culturelles ont en effet commencé à Lausanne, dans les années 1971-73, où j’étais professeur à l’IMD. C’est à cette époque que j’ai commencé à dépouiller la banque de données de la société IBM, avec l’assistance d’un étudiant de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, qui faisait des calculs pour moi. Et aujourd’hui, je me retrouve en ce lieu où tout a débuté il y a 30 ans.

Pour commencer, je voudrais définir le concept de culture. Il faut distinguer, surtout en français, la signification traditionnelle du mot culture – c’est-à-dire la civilisation – d’une autre signification qui se veut anthropologique. Ma définition comporte trois éléments. La culture est d’abord une programmation de l’esprit, invisible de l’extérieur. Son étude nécessite l’observation des comportements. Deuxièmement, il s’agit de quelque chose de collectif, qui s’applique seulement à un groupe ou à une catégorie de personnes. En troisième lieu, la culture distingue un groupe de l’autre. Elle n’est donc pas ce que nous avons tous en commun, la nature humaine, mais ce qui distingue les membres d'un groupe des membres d’un autre groupe. Aujourd’hui nous parlerons principalement de culture au plan de la nation, bien qu’il existe aussi des cultures d’organisations, même à l’intérieur d’une nation – la culture d’une profession, par exemple celle des médecins par opposition à celle des avocats – les cultures des sexes et des générations. Les différences de programmations se retrouvent à ces niveaux également.

1. La culture nationale
Dans la culture nationale, on ne peut isoler ni la famille, l’école, le travail, la religion, le comportement d’un consommateur, la santé, ni ce qui est considéré comme sain ou malade,