Les entreprises et la concurrence
La politique de concurrence est au cœur des débats européens. Sa définition même peut être objet de débat. Certains la perçoivent comme un outil, à la disposition de la Commission européenne, chargé de promouvoir une politique économique libérale détruisant les services publics et interdisant aux Etats de sauver leurs industries en crise. D'autres l'analysent comme un instrument de protection des consommateurs et de régulation des activités économiques. En revenant sur ses fondements issus du droit américain de la concurrence, du traité CECA et CEE et sur ses moyens d'action c'est-à-dire prohibition des ententes, des abus de position dominante et des aides d'Etat incompatibles, il apparaît clairement que la politique de concurrence est une politique reposant sur un double fondement économique et juridique dont les objectifs, loins d'encourager le libéralisme et ses excès, consistent à promouvoir la protection des consommateurs et des contribuables.
Le référendum relatif au projet de traité établissant une Constitution pour l'Europe organisée en France le 29 mai 2005 et les débats qu'il a suscité, ont mis en évidence des inquiétudes de certains citoyens européens. L'instauration d'une politique économique fondée sur le principe de la libre concurrence sur le territoire de l'Union en fait partie. Au fur et à mesure de l'avancée de ces débats, la critique du libéralisme économique a été exprimée par certains de plus en plus violemment. La politique européenne de concurrence s'en est trouvée attaquée. Or, cette dernière a précisément été mise en place, en Europe comme ailleurs, pour lutter contre les dérives de l'économie de marché en protégeant les consommateurs de pratiques abusives des entreprises dominantes (prix trop élevés, services dégradés, discriminations, etc.). Pour appréhender avec justesse la politique communautaire de concurrence, il convient de revenir sur ses fondements, ses objectifs et ses moyens d'action avant d'analyser les