Les fausses confidences
L’intrigue autour du portrait occupe une bonne partie de l’acte II. Ce sont les objets- les deux portraits-qui vont agir comme des révélateurs (avant la lettre du troisième acte qui portera le coup final). Le lecteur ou le spectateur-qui connaît tout à la fois les sentiments de Dorante, les projets de Dubois et notamment vis-à-vis de Marton, s’attend bien entendu à la révélation qui se produit dans cette scène.
Le début de la scène manifeste un intérêt croissant autour de l’objet et particulièrement chez le comte qui laisse poindre sa jalousie. Le passage comporte plusieurs temps :
-les déclarations de Marton persuadée d’être sur le portrait. Autour de ses assertions va se jouer une opposition de classe jusqu’à ce que le portrait soit découvert
-les réactions des personnages après cette découverte et notamment la comédie à laquelle se livre ici Araminte
Les critiques ont bien souvent mis en relief la cruauté de l’univers de Marivaux. Dans les mises en scène de Didier Bezace, la cruauté, et tout particulièrement dans cette scène et mise en relief de façon différente :
-Jean-Louis Thamin met en avant le conflit de classe et la cruauté d’Araminte qui vient se ranger momentanément du côté de sa mère et du comte pour renforcer l’humiliation à laquelle est soumise Marton
-Didier Bezace montre une Marton désemparée , assise sur une chaise et caressant le petit chien de Madame Argante pour se consoler.
Car c’est bien Marton ici qui fait les frais de la cruauté du stratagème- et elle en sera victime jusqu’à la fin- à tel point que certains critiques ont vu en elle un personnage prolongé par la Rosette de On ne badine pas avec l’amour.
I-Une scène cruelle qui vient rappeler le poids de la hiérarchie sociale
1-Le triomphe de Marton : l’orgueil de l’amoureuse et l’orgueil de la servante.
( La vivacité de Marton montre tout le plaisir qu’elle a de la révélation qu’elle projette sans doute très vite