Les fausses confidennces
Présenter brièvement Les Fausses confidences et Marivaux. Marivaudage : dialogue amoureux naturel et spontané. Bilan en ce qui concerne Araminte, place dans la relation amoureuse et la société.
Lecture du texte Acte III, scène 12DORANTE, ARAMINTE.
ARAMINTE
Approchez, Dorante.
DORANTE
Je n'ose presque paraître devant vous.
ARAMINTE, à part.
Ah ! je n'ai guère plus d'assurance que lui. (Haut.) Pourquoi vouloir me rendre compte de mes papiers ? Je m'en fie bien à vous ; ce n'est pas là-dessus que j'aurai à me plaindre.
DORANTE
Madame… j'ai autre chose à dire… Je suis si interdit, si tremblant que je ne saurais parler.
ARAMINTE, à part, avec émotion.
Ah ! que je crains la fin de tout ceci !
DORANTE, ému.
Un de vos fermiers est venu tantôt, Madame.
ARAMINTE, émue.
Un de mes fermiers !… Cela se peut bien.
DORANTE
Oui, Madame… Il est venu.
ARAMINTE, toujours émue.
Je n'en doute pas.
DORANTE, ému.
Et j'ai de l'argent à vous remettre.
ARAMINTE
Ah ! de l'argent !… Nous verrons.
DORANTE
Quand il vous plaira, Madame, de le recevoir.
ARAMINTE
Oui… Je le recevrai… vous me le donnerez. (À part.) Je ne sais ce que je lui réponds.
DORANTE
Ne serait-il pas temps de vous l'apporter ce soir, ou demain, Madame ?
ARAMINTE
Demain, dites-vous ! Comment vous garder jusque-là, après ce qui est arrivé ?
DORANTE, plaintivement.
De tout le reste de ma vie, que je vais passer loin de vous, je n'aurais plus que ce seul jour qui m'en serait précieux.
ARAMINTE
Il n'y a pas moyen, Dorante ; il faut se quitter. On sait que vous m'aimez, et on croirait que je n'en suis pas fâchée.
DORANTE
Hélas Madame ! Que je vais être à plaindre !
ARAMINTE
Ah ! Allez, Dorante, chacun a ses chagrins.
DORANTE
J'ai tout perdu ! J'avais un portrait, et je ne l'ai plus.
ARAMINTE
À quoi vous sert de l'avoir ? Vous savez peindre.
DORANTE
Je ne pourrai de longtemps m'en dédommager ; d'ailleurs, celui-ci m'aurait été bien cher ! Il a été entre vos mains, Madame.
ARAMINTE