La Princesse de Clèves, Manon Lescaut, La cousine Bette, ou Thérèse Desqueyroux... autant de romans où les auteurs accordent la prééminence aux femmes. Et quand elles n’en sont pas les héroïnes éponymes, elles jouent les seconds rôles indispensables pour donner son sens profond au récit. Cette omniprésence mérite que nous nous interrogions sur l’image que nos lectures de romans nous ont laissée de la femme. Comment les auteurs la voient-ils ? Pour répondre à cette question, nous nous intéresserons tout d’abord au lien qu’entretient la femme avec le sentiment amoureux. Nous nous pencherons ensuite sur sa double nature dont nous nous demanderons, en dernier lieu, si elle n’est pas le reflet de ses rapports ambigus avec la société.

De fait, la femme est la révélatrice d’une certaine société en même temps qu’elle contribue à son évolution. C’est grâce aux figures féminines que nous comprenons le fonctionnement de la société. Nous pouvons certes penser à des scènes d’initiation comme celle où, dans Le Père Goriot, la duchesse de Beauséant donne une leçon de vie amère et désabusée au jeune Rastignac. Mais chaque femme est aussi la représentation d’une couche sociale précise avec son mode de vie particulier. Ainsi Jeanne (Une vie) et Emma (Madame Bovary) incarnent respectivement la petite noblesse et la petite bourgeoisie de province où une jeune fille bien éduquée doit avoir quelques petites notions de peinture, musique et broderie. L’image de la femme est donc aussi celle d’un milieu et d’une époque. Enfin, le dévoilement est symptomatique des dysfonctionnements de la société à travers le temps. Ainsi dans L’Assommoir, Gervaise en évoquant ses rêves précise : « Il y a encore un idéal, ce serait de ne pas être battue. », révélant indirectement le lot des femmes. Les personnages féminins lèvent donc le voile sur la réalité sociale. Elles font même mieux : elles prennent part à la lutte pour la survie. Ce faisant, elles s’inscrivent dans la lignée de toutes les