Les fenêtres, mallarmé
"La vie de professeur dans un lycée est calme, simple, modeste. Nous y serons tranquilles" écrit Mallarmé en 1863 à son ami Cazalis. Pour cette raison, le jeune homme partit à Londres, pour fuir principalement, mais aussi pour obtenir un diplôme qui lui permît, sans passer par l'Université, d'entrer dans l'enseignement secondaire. Et le 7 novembre 1863 son destin s'oriente selon son désir quand il reçoit sa désignation pour le lycée de Tournon.
Mallarmé était pauvre et marié. Comment dès lors éliminer la misère qui requiert une présence totale au quotidien ? Par le choix d'un métier qui lui assurait, pensait-il, le pain, la dignité, le loisir. Socialement, il s'agit d'une crise qui s'apaise : de l'état de jeune homme enlevant sa fiancée à l'insu des deux familles, Mallarmé passe à celui de professeur établi en province, marié et père de famille. Spirituellement au contraire, ces quatre années ouvrent une crise qui va s'aggraver sans cesse. Toutes les pièces écrites entre 1862 et 1864 expriment la souffrance et l'angoisse, car à peine entré dans le professorat, à peine arrivé en Ardèche, son tourment commence. "S'il est un métier noble au monde c'est celui de professeur, mais il est tyrannique et il absorbe temps, force et intelligence qui sont aussi les facteurs de la création poétique". (E. NOULET L'œuvre poétique de Stéphane Mallarmé). Si ces mois difficiles lui ont fait perdre beaucoup d'illusions, il entend bien préserver son rêve de toutes les impuretés de la vie ; aussi écrit-il dans cette même lettre à son ami CAZALIS : "0 mon Henri, abreuve-toi d'Idéal. Le bonheur d'ici-bas est ignoble ... il faut avoir les mains bien calleuses pour le ramasser. Dire "je suis heureux", c'est dire "je suis lâche" et plus souvent "je suis niais", car il ne faut pas voir au-dessus de ce plafond de bonheur le ciel de l'Idéal ou fermer les yeux exprès. J'ai fait sur ces idées un petit poème, "Les Fenêtres", je te l'envoie…"
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