LXXVIII – Spleen

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercleSur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis, Et que de l'horizon embrassant tout le cercleII nous verse un jour noir plus triste que les nuits;
Quand la terre est changée en un cachot humide, Où l'Espérance, comme une chauve-souris, S'en va battant les murs de son aile timideEt se cognant la tête à des plafonds pourris;
Quand la pluie étalant ses immenses traînéesD'une vaste prison imite les barreaux, Et qu'un peuple muet d'infâmes araignéesVient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
Des cloches tout à coup sautent avec furieEt lancent vers le ciel un affreux hurlement, Ainsi que des esprits errants et sans patrieQui se mettent à geindre opiniâtrement.
- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique, Défilent lentement dans mon âme; l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique, Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Les Fleurs du Mal
Spleen IV
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[Introduction générale]
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V.1. Anaphore du « quand » au début de strophe
Comparaison « comme un couvercle » : le ciel est un couvercle et nous sommes dans une boîte ; il est bas et lourd, menaçant, le temps est à l'orage, tel un cercueil qui est le pire des couvercles. Il y a donc une progression, une menace
En général, le ciel = idéal, c'est l'infini ; ici le ciel est bas et c’est un ciel différent du ciel radieux ; le ciel est un symbole du spleen et de l'idéal
V.2. « Gémissant » le rapport à la plainte « l'esprit gémissant » il y a une personnification une métonymie c'est donc la souffrance morale de l'homme
« En proie » : il y a notion de passivité, l'esprit est la victime et comme l'orage cela fait partie de notre condition et de la fatalité humaine
« Longs ennuis » : l'ennui est la mère de tous les