Les fonctions de la poésie
La poésie n'est pas un genre aux contours bien définis : tantôt en vers, tantôt en prose, on la trouve aussi bien dans des épopées du XVIe siècle que dans des poèmes engagés dénonçant l'occupation allemande au XXe siècle. Quelles sont alors les fonctions de la poésie ? A quoi cet art du langage a-t-il pu servir à travers les siècles, et à quoi peut-il bien servir aujourd'hui encore ?
Avant tout, la poésie a une fonction purement esthétique.
• Si l'on vous dit poésie, vous pensez immédiatement au vers, à la strophe, bref à la forme poétique. C'est que la poésie est d'abord un certain rapport au langage. Ce qui caractérise la poésie, c'est le jeu sur les sons et les rythmes : pendant longtemps, la poésie eut donc partie liée avec la versification, avec les questions d'accents, de rimes, de strophes… Les poèmes suivaient même parfois ce que l'on appelle une forme fixe, comme le sonnet que pratiquaient par exemple les poètes de la Pléiade au XVIe siècle, comme Ronsard ou Du Bellay.
• Même aujourd'hui, où le vers régulier et la forme fixe ne sont plus les formes privilégiées de l'expression poétique, la poésie reste un travail formel sur le langage. Vous pouvez être surpris face à certains poèmes en prose, comme le célèbre " Cageot " de Ponge, tiré de son recueil intitulé le Parti pris des choses :
" A mi-chemin de la cage au cachot la langue française a cageot, simple caissette à claire-voie vouée au transport de ces fruits qui de la moindre suffocation font à coup sûr une maladie.
Agencé de façon qu'au terme de son usage il puisse être brisé sans effort, il ne sert pas deux fois. Ainsi dure-t-il moins encore que les denrées fondantes ou nuageuses qu'il enferme.
A tous les coins de rues qui aboutissent aux halles, il luit alors de l'éclat sans vanité du bois blanc. Tout neuf encore, et légèrement ahuri d'être dans une pose maladroite à la voirie jeté sans retour, cet objet est en somme des plus sympathiques - sur le sort