Les fonctions du rire
Fonction physiologique : la vertu du rire est de plus en plus reconnue. L'énergie qu'il mobilise, sa brusque décharge émotive font de lui un facteur de détente qui justifie le succès des spectacles comiques en tous genres, mais explique aussi qu'il soit boudé par les "gens sérieux". Lié à la fête, le rire alors ne s'embarrasse pas des moyens : rire gras, gros rire, cette jubilation est moins celle de l'individu que du groupe. Les thérapies modernes n'ignorent pourtant pas les vertus de ce rire capable de chasser les stress et de faire travailler une bonne vingtaine de muscles. Ces pratiques ont aujourd'hui leur nom : c'est la gélothérapie.
Fonction défensive : on sait bien que les circonstances les plus tragiques, les événements les plus chargés d'émotion, sont favorables au rire, et plus souvent encore au fou rire. Il faut y voir sans doute une volonté de dédramatisation, privilège de la liberté humaine qui refuse de s'incliner devant le respect que telle ou telle circonstance prétend imposer. Ce rire ne signifie nullement l'insensibilité ou la dureté du coeur : bien au contraire, les plus grands chagrins sont susceptibles de s'allier à ce rire crispé. L'humour noir entre, bien sûr, dans cette catégorie, mais nous prétendons que c'est aussi le cas des histoires sexuelles, où l'homme manifeste un recul amusé devant ses propres pulsions, comme s'il voulait prouver qu'il en est le maître. En bref, ce "rire noir" tourne en dérision les deux lois fondamentales de l'espèce : le sexe et la mort.
Fonction agressive : rire, c'est se moquer. Les religieux de tout poil le savent bien qui continuent à traquer ce signe évident de désobéissance. Par le rire, l'homme entre en effet en dissidence, et aucune valeur n'est susceptible d'échapper à son pouvoir décapant. Les textes satiriques - chansons, pamphlets -, les caricatures ou les comédies sociales ont toujours accompagné la subversion politique, et fait souffler cet esprit frondeur qui, là