Les fondements ontologiques de la liberte dans l'etre et le neant
Lorsqu'on ose réfléchir sur la difficile question de la liberté, il est d'usage de critiquer les diverses formes de déterminisme. Mais lorsqu'on entreprend d'établir que l'homme est libre, on n'explique pas souvent ce que c'est qu'etre libre. « Bien plus, on suggère, sans y prendre garde, que la liberté consiste dans le simple fait de n'etre pas déterminé »1. Or, la liberté elle-même est un concept complexe et sa définition n'est pas univoque ; elle varie selon les penseurs et les courants philosophiques.
Ainsi, l'existentialisme sartrien, l'un des courants philosophiques qui mettent un accent particulier sur l'existence humaine, place à sa manière la question de la liberté au coeur de son projet philosophique. Le principe selon lequel « l'existence précède l'essence » se trouve être un credo qui rapproche tous les existentialistes. Mais la suppression de la transcendance constitue pour certains le point de désaccord. C'est ainsi que le courant existentialiste apparaît en deux tendances différentes : d'une part l'existentialisme chrétien représenté par Gabriel Marcel et l'existentialisme athée farouchement défendu par Jean-Paul Sartre d'autre part. Avec l'existentialisme chrétien, notamment chez Pascal, l'homme fait l'expérience de l'absence d'un Dieu caché qui laisse encore des signes aux hommes pour les orienter dans leurs actions. Or, avec l'existentialisme athée de Sartre, l'expérience de l'absence de Dieu que l'homme fait est totale. L'homme devient, de ce fait, conscient d'etre lui-même le seul législateur de son tableau de valeurs.
Sartre appréhende l'homme comme une existence sans essence, sans détermination préalable, ni quant à sa constitution, ni quant aux règles de son action. Il est donc absolument libre et responsable de son destin. La question qu'on peut se poser est celle de savoir si ce qui compte chez Sartre c'est de faire de l'homme une liberté ontologique s'arrachant à « l'en-soi » de la réalité, de la situation sociale ou