Les fondements théoriques de l'efficacité de la microfinance
Plusieurs théories économiques peuvent contribuer à élucider les performances de la microfinance du point de vue des parties prenantes (« stakeholders »), c’est-à-dire des organisations de microfinance et des bénéficiaires de leurs services financiers. L’analyse des forces et faiblesses de ces théories se fondera surtout sur le postulat selon lequel une organisation n’est qualifiée d’efficace que s’il n’en existe aucune autre dans laquelle chaque personne obtiendrait en moyenne de meilleurs résultats pour tous les modes de fonctionnement envisageables (Milgrom & Roberts, 1997, p. 33). Sur cette base, il est possible de comparer les organisations de microfinance entre elles d’une part, et avec les institutions de la finance classique d’autre part. En fonction des approches retenues, l’appréciation des performances des organisations de microfinance s’articulera autour des concepts tels que l’efficacité institutionnelle (CERISE & IRAM, 2005), la viabilité financière (Le Picard Ducroux, 2001 ; Lapenu, 2002) et l’efficacité productive et allocative (Hugon, 1996a). Le principal objectif de ce chapitre est de dégager, au travers de divers courants théoriques explicatifs des performances en microfinance, les principaux indicateurs susceptibles à l’évaluation de l’efficacité des organisations de microfinance du Kivu ainsi que les préalables et implications d’une restructuration efficace de ces organisations. Pour ce faire, une première approche d’efficacité se fonde sur les théories d’asymétrie d’information (3.1.). On peut en effet observer plusieurs distorsions (dont le rationnement de crédit) entre le prêteur et l’emprunteur. Ces distorsions ont généralement pour cause l’asymétrie d’information et pour conséquence l’inefficace l’intermédiation financière. Face à ce problème, la microfinance propose quelques mécanismes dits « novateurs » en vue préserver l’efficacité du financement. La