Les friches culturelles
«Le problème aujourd’hui est de faire pour la culture ce que la III République a fait pour l’enseignement: chaque enfant de France à droit aux tableaux, au théâtre, au cinéma comme à l’alphabet»1. Cette phrase, prononcée en 1966 par André Malraux, Minist re des Affa ires Cult ur elles, pendant un discours au Parlement, est emblématique de la volonté de l État français de s’impliquer dans le secteur culturel et de la volonté de démocratiser l’activité culturelle mis en pratique par le Ministère pendant cette époque. Le système juridique français est caractérisé par une forte centralisation du pouvoir et des politiques publiques. Cette centralisation se manifeste aussi en matière de culture : l’État français prend en charge et dirige l’activité culturelle et la transforme en une activité étatique. Il y a deux raisons principales qui expliquent l’implication de l’État dans la politique culturelle : in primis, l’accroissement de biens et services culturels de l’État et deuxièmement la volonté de contrôler un nouveau secteur de la vie sociale. Dans le but de tracer sa politique culturelle, l’État protège d’un côté les vecteurs culturels et de l’autre créé des espaces culturels, c’est-à-dire des institutions culturelles dont l’objectif principal est de mettre en contact les individus avec la culture et de créer une cohésion sociale. À travers la délimitation des espaces culturelles, l’État déploie l’idée de culture qu’il défend. Mais aujourd’hui, l’État n’est plus le seul a délimiter les espaces culturels. À partir de la seconde moitié des années 70, on a assisté à la naissance d’espaces culturels qui échappent la logique culturelle de l’État et qui transforme la culture dans une expérience vraiment démocratique. C’est le cas des «friches culturelles», des espaces culturels autogérés par la société civile et nés de la reclassement urbaine de friches industrielles abandonnées.
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MESNARD, A. H., L’action culturelle du pouvoir publique,