Les gouvernements nous imposent la justice, mais pourraient-ils nous l'imposer s'ils ne l'avaient pas d'abord violée pour s'établir ?"
-Foscolo
Le dramaturge italien Hugo Foscolo écrit dans les Dernières Lettres de Jacques Ortis :« Les gouvernements nous imposent la justice, mais pourraient-ils nous l'imposer s'ils ne l'avaient pas d'abord violée pour s'établir ? » Il relève une contradiction entre le fonctionnement du gouvernement et l'origine de celui-ci qui se ferait en toute violation des lois préexistantes. D'un côté, le gouvernement présente des moyens institutionnels pour imposer la justice, et de l'autre un gouvernement qui se fonde sur l'injustice et la violence. Dans le contexte de l'½uvre, Foscolo vise les régimes despotiques, qui se maintiennent après le congrès de Vienne (de 1815). Mais même la démocratie, respectueuse du droit et des citoyens a pu s'imposer par la force d'une révolution et par le rejet violent d'une législation antérieure. Cette citation nous invite à nous interroger sur le lien entre la justice, où le gouvernement est garant, et une violence originelle qui lui est constitutive. Elle met en question le pouvoir politique légitime qui manque à la justice tout en prétendant de l'imposer.
Quel rapport le gouvernement institué entretient-il avec la violence ?
Quels rapports de forces existent-ils au sein même de la justice et des institutions politiques ? Répondons à ces questionnements en trois parties, dont l'une expliquera d'abord que le gouvernement résulte d'un rapport de forces qui méprise la loi et la justice, puis dans un second temps, une partie qui expliquera comment la justice garantit un ordre et prévient le chaos, pour finalement terminer sur la conciliation de la justice universelle et de l'exercice du gouvernement.
L'histoire nous montre que les gouvernements ont vu le jour dans des guerres, dans des familles et des clans. Ils sont l'expressions, bien souvent, de la domination