Les générations : litterature maghrébine de langue française
Avant 1945
C'est en Algérie que la première génération se manifeste à travers des essais et des romans à thèse. Si M'Hamed Ben Rahal aurait écrit, en 1891, la première nouvelle en langue française. Le premier roman, en 1920, est de Ben Si Ahmed Bencherîf (1879-1921) et s'intitule Ahmed Ben Mostapha, Goumier. Il faut aussi citer les noms de Abedelkader Hadj Hamou (1891-1953), Chukri Khodja (1891-1967), Mohammed Ould Cheikh (1905-1938), Aly El Hammamy (1902-1949), Rabah Zenati (1877-1952), Djamila Debèche (née en 1926) et Marie-Louise-Taos Amrouche (1913-1976). Jean Amrouche (1906-1962) se détache sans conteste et donne à la littérature algérienne et maghrébine de langue française ses premiers poèmes nourris de spiritualité et de recherche des repères identitaires. On ne trouve pas l'équivalent de cette génération en Tunisie, devenue protectorat français par le traité du Bardo en 1881 et par la convention de La Marsa en 1883, ni au Maroc, devenu protectorat français en 1912. Ces deux pays recouvrant leur indépendance en mars 1956, leur histoire coloniale est beaucoup plus brève que celle de l'Algérie.
Après 1945
En Kabylie, trois écrivains inscrivent leur région au cœur d'une nation à naître et d'un pays en souffrance ; Malek Ouary, mais surtout Mouloud Feraoun (1913-1962 ; Le Fils du pauvre, Les Chemins qui montent, Journal) et Mouloud Mammeri (1917-1989 ; La Colline oubliée, Le Sommeil du juste).
A l'Ouest, Mohammed Dib (né en 1920) fait vivre avec réalisme des personnages du petit peuple des villes et des campagnes dans sa trilogie, Algérie. Conjointement, son texte est habité par un verbe poétique où lyrisme et inspiration ancestrale s'unissent dans un rêve d'avenir : L'Incendie (publié pendant l'été de 1954) est une métaphore prémonitoire.
Malek Haddad (1927-1978) et Kateb Yacine (1929-1989), à l'Est du pays, achèvent de donner toute sa dimension spatiale au roman algérien. Nedjma, roman où la quête du passé, l'amour