Les hommes ne desirent t'ils rien d'autre que ce dont ils ont besoin ?
J’ai besoin de manger. Il est nécessaire de satisfaire ce besoin pour vivre : c’est une nécessité physiologique.
Mais je veux manger végétarien. Il s’agit pour moi d’une obligation : c’est un choix éthique.
Et je désire manger des fraises. Cette préférence n’a rien de nécessaire ni d’obligatoire en elle-même : c’est une inclination - dans certains cas on parlerait même d’aspiration contingente (c’est-à-dire que j’aurais pu ne pas l’avoir).
Sur la distinction entre désir et besoin, lire aussi:
La classification des désirs (Epicure)
Ainsi, l’opposition désir/besoin est commode et repose sur l’assomption qu’il existe une distinction claire entre ce qui est vital pour l’être humain et ce qui ne l’est pas. La survie serait un critère objectif de démarcation entre désir et besoin.
objectif/subjectif
De ce point de vue, la privation (d’un besoin) se distingue de la frustration (d’un désir). Ne désirer rien d’autre que ce dont on a besoin, c’est réduire les désirs aux besoins : ne désirer que ce qui est nécessaire.
Mais il semble que les êtres humains puissent désirer autre chose que ce dont ils ont besoin. Il se pourrait même que cette possibilité soit un trait spécifique de l’humanité. Les êtres humains sont par nature des êtres de désir et le désir est par définition indépendant des besoins. La réponse à la question du sujet semble donc être en première analyse : non. Si cette réponse va de soi, où est alors le problème ?
Mais est-ce si simple ?
La question posée par le sujet semble paradoxale en tant que sujet de philosophie : réduire les désirs aux besoins semble