Les hommes ne naissent pas citoyens, ils le deviennent
Baruch Spinoza dans Traité politique (1677) écrit : « Les hommes ne naissent pas citoyens, mais le deviennent ». On comprend alors que la citoyenneté est un privilège qu’il faut acquérir ; être citoyen n’est pas une chose innée. Mais avant tout : qu’est-ce qu’un citoyen ? Dans son Dictionnaire philosophique, André Comte-Sponville définit le citoyen comme « le membre d’une Cité, en tant qu’il participe au pouvoir souverain (autrement il ne serait que sujet) et lui est soumis (sans quoi il serait roi). Il peut exister des Cités sans démocratie. Mais ce sont des Cités sans citoyens. ». Nous nous placerons donc dans le contexte des démocraties pour traiter le sujet.
En affirmant cela, Spinoza semble s’appuyer sur le concept de citoyenneté au sens administratif : c’est à dire qu’il part du principe que tout citoyen a des droits et des devoirs, et que certains hommes ne sont pas (ou pas encore) des citoyens. Cependant, un individu non citoyen est relativement complexe à envisager. La citoyenneté, bien qu’elle soit a priori à acquérir, semble surtout naturelle à chaque individu appartenant à une communauté. Dans ce cas, peut-on se limiter à la dimension juridique de la citoyenneté pour affirmer qu’un individu « mérite » d’être citoyen ? La citoyenneté, si elle est acquise et non innée, ne se base-t-elle pas sur d’autres critères ?
Certes, le citoyen est avant tout un individu sur le plan juridique (I), mais il ne faut pas omettre sa dimension politique et sociale (II).
I/ Le citoyen est d’abord un individu sur le plan juridique...
A. L’émergence du concept de citoyen et de la citoyenneté. Définition.
1° L’apparition de la citoyenneté et du concept de citoyen consiste en une véritable révolution pour l’époque. L’invention de la citoyenneté précède l’invention de la démocratie dans les citées grecques et romaines. Elle est d’abord « une idée » comme l’écrit Olivier NAY. L’Homme passe du sujet au citoyen. Les hommes sont dorénavant égaux sur le plan