Les hommes peuvent-ils se passer de religion?

483 mots 2 pages
Qu'à titre individuel les hommes puissent se passer de religion, cela semble en Occident, et depuis longtemps, une évidence criante, même si quelques esprits forts, et non des moindres, se montrent plus circonspects. On raconte que Hume, reçu chez le baron d'Holbach, lui confia avec malice n'avoir peut-être encore jamais rencontré un seul homme parfaitement athée, et que son hôte crut le déniaiser en lui répondant : « Mais, cher ami, vous en voyez ici une vingtaine autour de cette table ! » Admettons, pour le moment, le point de vue du baron ou plutôt constatons que, sous nos cieux au moins, il tend à devenir majoritaire. Mais, à supposer que les individus puissent facilement se soustraire à toute obédience religieuse, qu'en est-il des sociétés humaines ?
Les phénomènes religieux étant, par nature, des phénomènes publics, c'est en effet d'abord sous un angle collectif que la question doit être abordée. Il n'y a pas, à proprement parler, de religion privée. C'est un point essentiel que même un auteur aussi réducteur que Freud avait bien compris lorsque, au lieu de décrire la religion comme une névrose universelle, c'est-à-dire un trouble individuel agrandi à la dimension de l'humanité, il définissait la névrose obsessionnelle comme une « religion déformée », c'est-à-dire une « formation asociale » qui cherche « à réaliser avec des moyens particuliers ce que la société réalise par le travail collectif2 ». On ne saurait mieux reconnaître que la religion est avant tout une institution. L'auteur de Totem et tabou avait, on le sait, de bonnes lectures — Tylor, Robertson Smith, Frazer, Durkheim, entre autres — auxquelles il est toujours bon de se reporter, ne serait-ce que pour baliser le champ de notre enquête.
Qu'est-ce, en effet, qu'une religion ? Comme l'ont montré les fondateurs de l'anthropologie, dont Durkheim résume la leçon, un système d'interdits et de
1R. Girard, La Violence et le sacré, Paris, Grasset, 1972, p. 52.
2Freud, Totem et tabou, trad. S.

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