Les héresies
Étymologiquement (hairesis en grec), c’est une préférence, un choix opéré au sein de la doctrine. Pour les catholiques, c’est, de la part des baptisés, le refus délibéré d’une proposition de la foi définie par l’Église comme vérité révélée. Le Catéchisme de l’Église catholique la définit en ces termes : « L’hérésie est la négation obstinée, après la réception du Baptême, d’une vérité qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité. »
Elle ne doit pas être confondue avec l’apostasie (rejet total de la foi) ni avec le schisme (refus de la soumission au pape). Mais les hérésies, qui ont jalonné l’histoire de l’Église en l’obligeant sans cesse à approfondir la connaissance de la vérité révélée, ont été en fait à l’origine de beaucoup de divisions et séparations.
Selon Jean-Marie Salamito, professeur d’histoire du christianisme antique à l’université de la Sorbonne, « l’hérésie naît d’une volonté de mettre en lumière un aspect de la foi qu’on estime mal compris. Dans bien des cas, l’intention est légitime, mais l’hérésie se développe parce que cet aspect est traité de manière unilatérale. »
POURQUOI LES HÉRÉSIES ONT-ELLES SURTOUT ÉTÉ CONCENTRÉES DANS L’ANTIQUITÉ ?
Jean-Marie Salamito insiste sur la notion de développement du dogme, élaborée par John Henry Newman (1) : « À mesure que la réflexion humaine progresse, le message initial suit un enrichissement théologique : les conciles balisent le terrain en formulant des dogmes, mais ce sont des affirmations très réduites, qui peuvent ensuite être développées. Au début de l’ère chrétienne, comme le dogme était peu développé, la place pour la créativité était grande. Par exemple, saint Paul affirme que le Christ nous sauve par sa Passion : on a mis des siècles à expliquer comment, et ces recherches ont vu naître des hérésies. »
La plupart des hérésies portent sur la personne de Jésus-Christ et sur la Trinité. Les historiens débattent pour savoir