Les identités meurtières, Par Amin Maalouf
Par Amin Maalouf,
Grasset 1998,
Note de lecture par B. Courcelle et observations diverses.
Amin Maalouf est libanais d'origine, installé en France depuis 1976. Il se sent tout à la fois Français et Libanais.
Que signifie le besoin d'appartenance à une communauté, qu'elle soit culturelle, religieuse ou nationale? Pourquoi ce désir conduit-il si souvent à la peur de l'autre et à sa négation?
Loin d'être donnée une fois pour toutes, l'identité est une construction, dont A. Maalouf dénonce les illusions, les pièges, les instrumentalisations. Sans jamais proposer de solution toute faite, sans aucun dogmatisme, il nous invite à une réflexion humaniste qui refuse à la fois l'uniformisation de la mondialisation et le repli sur la "tribu".
Analyse et extraits de l'ouvrage (les pages sont celle de l'édition du Livre de Poche).
Chapitre I : Mon identité, mes appartenances.
L'identité d'une personne est ce qui la rend unique. Elle consiste en ce que cette personne fait de sa vie, en ses goûts et d'autre part, en ses appartenances à des groupes très larges de personnes partageant la même religion (ou la même indifférence religieuse, ou le même refus du religieux), la même langue, maternelle ou adoptée (telle le français pour A. Maalouf), la même région de résidence ou de naissance, les mêmes activités sportives etc… Réduire cette variété d'appartenances à une seule est donc réducteur, voire manipulateur.
De ces différentes appartenances, l'une est souvent considérée comme la principale, constituant l'essentiel de l'identité. C'est souvent la plus attaquée ("quand on ne se sent pas la force de la défendre, on la dissimule" cf. p.34), dans un contexte social particulier : "Souvent, l'identité que l'on proclame se calque en négatif sur celle de l'adversaire". (p. 21)
"Car c'est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c'est notre regard aussi qui peut les libérer." (p.29)