Les jouets et les mutations infantines
4962 mots
20 pages
Barbie, GI Joe, Pokémon et les autres ; Les jouets et les mutations de la culture enfantine contemporaine. Gilles BROUGERE Compte-rendu établi par Emmanuel Pasquier. Le jouet, dit Gilles Brougère, est un sujet qui n'intéresse personne: pour le grand public c'est un objet de consommation dans les périodes de fête, quant aux chercheurs, ils considèrent que ce n'est pas un sujet sérieux. Il y a peu de recherche sur le jouet, même si le jeu vidéo donne lieu à un certain nombre d'études, mais celles-ci ne provoquent pas un rebondissemnt sur la question du jouet en général. Au contraire, le jeu vidéo tend à capter l'attention de manière plus exclusive encore. Pourtant l'intérêt pour le jouet peut être une entrée sur des questions fondamentales de la culture ludique des enfants, et nous dévoiler les caractéristiques de celle-ci, nous informer sur son évolution, et, au-delà, sur la culture de divertissement en général. Cars, le dernier film Disney-Pixar, permet de le mettre en évidence. Il suffit de citer un passage de la critique de Télérama pour saisir une des caractéristiques fondamentales de ce film : « Une Amérique uniquement peuplée de citoyens à quatre roues, plus pimpants qu’une devanture de magasins de jouets, plus attachants que tout le rayon de peluches réuni » Ce film nous montre une réalité sociale retravaillée graphiquement et symboliquement (tant au niveau de l’image que des significations) à travers le monde du jouet. Gilles Brougère y relève quelques éléments qui le conduisent à penser que le jouet est l’arrière-plan du film, ou même, plus que le jouet, la culture enfantine issue de la transformation en jouet de la réalité. Cars présente: Un univers d’automobiles sans humains, comme les jouets des enfants: le monde autosuffisant de l’automobile. Un univers centré sur la course automobile avec la compétition qui renvoie au jeu lié à une partie des automobiles jouets. Une anthropomorphisation des objets qui, bien entendu, n’est pas spécifique au jouet, mais