Les justes
(1949)
Drame en cinq actes
En février 1905, à Moscou, dans la Russie tsariste, un groupe terroriste, formé de cinq militants du parti socialiste révolutionnaire, prépare un coup d'éclat : un attentat à la bombe contre la calèche du despotique grand-duc Serge, oncle du tsar Nicolas II. Préparation, jubilation, justification théorique («La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul homme est asservi sur la terre » [acte I, scène 1] - «Mourir pour l'idée, c'est la seule façon d'être à la hauteur de l'idée. C'est la justification.» [acte I, scène 1]) Mais Kaliayev, qui doit lancer la bombe, constate que la calèche du grand-duc transporte également des enfants, le neveu et la nièce du prince. Assassiner des enfants ne fait pas partie de sa mission. Il est incapable de mettre le plan à exécution.
L'attentat n'a donc pas eu lieu (acte II). Ce qui pose un dilemme de taille : faut-il quand même poursuivre la mission, prendre la vie de ces deux jeunes innocents ou les épargner, tandis que, le même jour, des milliers d’enfants meurent de faim, victimes du despotisme? jusqu'où faut-il s'enfoncer dans le mal pour faire triompher le bien et abolir le despotisme? La tension monte entre les terroristes : Stepan qui place son idéal abstrait de justice absolue au-dessus de tout et de la vie même, qui pense qu'il n'y a pas de limites à l'action révolutionnaire, est en fait mené par la haine brutale de l'action et des blessures du passé. Kaliayev, le poète, venu à la révolution par amour de la vie, de la beauté, du bonheur, refuse d'«ajouter à l'injustice vivante pour une justice morte». Dora aime toujours avec autant de force Kaliayev. Alexis, vulnérable, est rongé par le doute et la peur alors que Boris doit prendre les décisions adéquates.
Deux jours plus tard, le plan fonctionne (acte III), et Kaliayev est emprisonné, se retrouve devant la justice et est condamné à la pendaison. Le chef de la police, par politique, et la grande-duchesse, par esprit