Les liaisons dangereuses le film
Les duellistes La scène liminaire de l’adaptation que Stephen Frears a faite du roman homonyme de Choderlos de Laclos permet non seulement de mettre en évidence l’importance des artifices vestimentaires et corporels dans le jeu de la séduction, mais également de révéler l’union dramatique et l’identité des deux héros libertins par le biais du montage alterné.

[1a]
D.R.
Après qu’une main a ouvert une lettre laissant voir le titre du film (rappelant ainsi au spectateur la source romanesque et épistolaire de cette adaptation cinématographique), un premier personnage apparaît à l’écran. La nature de l’action (les préparatifs physiques des protagonistes) durant laquelle le générique s’inscrit à l’écran indique que cette séquence appartient à un moment précédant la véritable entrée en scène des deux héros, autrement dit avant le début de leurs frasques libertines. Une femme, le visage sévère, le menton un peu haut en signe de défi, se mire dans un miroir [1a]. C’est la marquise de Merteuil, l’ alter ego féminin de ce libertin de Valmont dont la figure va tarder à se montrer dans cette séquence au montage alterné (le procédé de l’attente mime la coquetterie des mondains qui ne se présentent en public qu’une fois parés de leurs artifices physiques).
La marquise de Merteuil face à son propre reflet... Objet emblématique du libertinage, le miroir exalte l’amour-propre et engage la séduction puisqu’on s’y regarde et puisqu’on y est vu. Il permet d’agir et de se regarder agir. Démultiplicateur d’images, il abonde dans la littérature libertine comme il est omniprésent dans notre film. Les miroirs sont autant de « mises en abyme » de dédoublements suggestifs de la réalité et de soi. Ils poussent au narcissisme et à l’égoïsme des mondains qui soignent leur apparence et se conforment aux modèles culturels. La marquise de Merteuil les affectionne puisqu’ils lui permettent de s’admirer et l’aident à mettre en scène son comportement de rouée. Piège de la