Les métamorphoses de la question sociale
1995, Robert Castel mercredi 18 avril 2007, par Frédéric PONCET
Après la Révolution, la conception française de l’ assistance sociale fut paradoxalement plus libérale qu’en Angleterre. Ou disons que le libéralisme anglais fut pragmatique et le français idéologique voire dogmatique. “En France (...) la réflexion de ceux qui se font les porte-parole du progrès [est] surdéterminée politiquement (...) leur lecture de la situation politique est claire, tandis que celle de la situation sociale reste brouillée. Le volontarisme politique s’impose à leurs yeux (...)” (p. 336). C’est aux marges du travail que se pose la question de l’assistance. Elle concerne sans trop de débats ceux qui ne sont pas en mesure de travailler mais aussi, et cela sera longtemps un problème, un certain nombre de valides. Le salariat existait avant le capitalisme, mais il fut longtemps considéré comme une situation indigne et même après que le libéralisme en eû fait la condition d’un très grand nombre de travailleurs, les "prolétaires", toujours menacés de paupérisation. C’est le compromis Fordiste qui l’a rendu sécurisant et en a fait une norme. Elle semble aujourd’hui remise en cause.
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N.B. les numéros de page sont ceux de l’édition Gallimard, collection folio / essais.
Première partie : de la tutelle au contrat
Chapitre 1) La protection rapprochée
Il existe des sociétés sans social. L’individu s’y trouve inséré dès sa naissance dans des réseaux de sociabilité primaire, reposant sur la famille, le voisinage, le travail. Il n’y a pas d’institution spécifique. C’est le cas par exemple de la société féodale.
Des accrocs peuvent cependant se produire dans ces processus d’intégration primaire. La situation d’orphelin, par exemple, rompt la prise en charge familiale. Il y a alors désafiliation.
Un processus de réaffiliation n’est possible qu’à la double condition d’être à la fois dans