Les mains Libre
I- Liberté de circulation à travers les genres et les formes
Recueil issu d'une démarche doublement originale et inédite, Les Mains libres se meut très librement dans les genres et les formes auxquelles il emprunte.
1. Double originalité de la démarche du recueil
- Originalité de la démarche artistique de Man Ray, qui « note » ses rêves sous forme de dessins au réveil, et dessine le soir dans un état de demi-veille (proche de la « transe » chère aux surréalistes), censé libérer les images inconscientes.
-Originalité de la démarche d'Eluard, qui « illustre » par des poèmes les dessins de Man Ray, à rebours du procédé habituel (cf. Sandro Botticelli illustrant « L’Enfer » de Dante, ou les célèbres illustrations par Gustave Doré des Fables de La Fontaine ou des Contes de Perrault), effaçant les frontières et les hiérarchies entre les genres.
®II ne s'agit donc pas d'un recueil poétique au sens traditionnel du terme, puisque, sans les dessins, les poèmes perdent une grande partie de leur signification. Quant aux dessins de Man Ray, ils prennent également sens grâce aux titres (la plupart donnés par Eluard) et entrent en résonance avec les poèmes.
2. « Rien dans les mains, rien dans les poches » : deux voyageurs sans bagage
-« Avoir les mains libres » signifie, au sens premier, ne rien avoir dans les mains. Or, dans ce recueil, tout suggère que les deux artistes voyagent léger, sans avoir, comme dit une autre expression, « rien dans les mains, rien dans les poches »: peu de références historiques ou culturelles, une forme de recueil inédite, sans glorieux prédécesseur à qui être comparée ...
®Les deux voyageurs sans bagage pratiquent ici une sorte de dépouillement, de dénuement volontaire, qui est aussi un affranchissement.