Les mains libres
Paul Eluard et Man Ray ont tous deux été de grands amoureux, et surtout des artistes qui ont su magnifier le corps des femmes : Man Ray comme peintre du désir et, plus encore que dans ses dessins, en génial photographe de la beauté féminine, comme dans Le violon d’Ingres ; les poèmes de Paul Eluard n’ont jamais cessé de dire combien la femme lui était vitale et de célébrer la force de l’amour. Rien d’étonnant donc au fait que la femme soit le centre, le cœur vivant des Mains libres. Mais toutes les figures de femmes n’y apparaissent pas satisfaites, comme si les images négatives servaient à mieux faire ressortir la félicité de la jouissance.
Hypothèses
Le recueil met en scène plusieurs femmes insatisfaites, ou insatisfaisantes : par le malaise qu’ils provoquent, ces avatars inanimés, ces femmes indisponibles pour l’amour, qui ne peuvent ni combler ni être comblées, font par opposition mieux ressortir les délices de l’amour et de la jouissance partagés.
Plan
I. Le malheur : absence d’amour ou désir non partagé entraînent l’insatisfaction
A. Hypothèse
B. Avatars inanimés de la femme
C. Femmes non disponibles pour l’amour
II. Le bonheur : désir, amour et jouissance, le chemin vers la félicité
A. Hypothèse
B. La célébration du désir
C . Variations érotiques
I. Insatisfaction
A. Hypothèse : absence d’amour = mort à soi et au monde
a) Le credo éluardien en la femme vitale est explicitement rappelé dans le poème Femme portative : « Si ce que j’aime m’est accordé / Je suis sauvé / Si ce que j’aime se retranche / S’anéantit / Je suis perdu ». Les deux dessins de Solitaire et L’attente, mains de femme puis mains d’homme, donnent à voir la vacuité du temps pour le solitaire réduit à un jeu enfantin ou une toile d’araignée ; les poèmes