Les marqueurs identitaires dans la marche de nuit féministe et non-mixte et la journée mondiale de la femme
Cette construction des identités collectives à fin d’expression d’une opinion politique par des actes qu’est la manifestation sur la voie publique (Fillieule et Tartakowsky, 2008, p. 129) s’appuie principalement sur la mise en forme et en mouvement des différents supports graphiques. Dans le cadre de l’atelier méthodologique : Les écrits de la manifestation féministe, je me suis intéressée à ces langages visuels auxquels ont recours les manifestants appartenant à des organisations féministes, à l’heure de devenir visibles dans l’espace public. Deux observations participantes qui correspondent à deux manifestations différentes ont été effectuées : La marche de nuit féministe et non-mixte du samedi 27 novembre 2010 et la manifestation du 5 mars 2011 à l’occasion de la Journée mondiale de la femme. Durant la manifestation, les participants se donnent à voir principalement comme représentants de groupes (Fillieule et Tartakowsky, 2008, p. 150). Ils le font par des mises en scène spécifiques qui renvoient à une multiplicité de signes de reconnaissance et d’identification institués tels que les bannières, les banderoles, les panneaux, les drapeaux, les chansons, etc. Ces éléments liés à la présence du manifestant ont une double fonction : d’une part ils représentent et expriment ses revendications, et d’autre part, ils légitiment le participant en tant que porte-parole du groupe et des revendications. Outre les signes graphiques, la construction d’identités collectives stratégiques s’appuie aussi sur la temporalité du défilé, le parcours, la morphologie et l’ordonnancement réglé. Qui réalise ses supports ? A qui sont-ils adressés ? Quels éléments pour quel message ? En quoi les écritures constituent ces collectifs ? A partir de l’analyse comparative des deux manifestations nous cherchons à trouver dans quelle mesure ces objets graphiques peuvent jouer un rôle