Seule oeuvre qualifiée de drame par Sartre, la pièce Les mouches fut créée le 3 juin 1943 et fut mise en scène au théâtre de la Cité par Charles Dublin. Oreste, fils d'Agamemnon et de Clytemnestre revient dans Argos, sa ville natale d'où il a été chassé âgé dès trois ans ,ses parents ayant été assassinés par Egisthe, l' amant de Clytemnestre. Il a voyagé et a appris que l' opinion est subjective et n'est pas vérité, d'où sa "liberté d'esprit". En revenant dans sa ville, il s'aperçoit cependant que cette liberté ne lui a justement pas permis de se constituer en tant qu'identité. Ses paroles attestent de ce que rien ne lui appartient: "Je suis libre, Dieu merci. Ah! comme je suis libre .Et quelle superbe absence que mon âmeÖJe vais de ville en ville , étranger aux autres et à moi-mêmeÖ" Tout ce qui relève de la cité qui devrait être sienne lui est inconnu puisqu'il n'y a pas vécu, il conçoit alors le désir de se donner ce droit de cité :"Si je pouvais m'emparer, fut-ce par un crime, de leurs mémoires, de leur terreur et de leurs espérances pour combler le vide de mon coeur, dussé-je tuer ma propre mère…" Ces dernières paroles sont prononcées sans réelle intention de les réaliser, ce qui va toutefois arriver par l' intervention d'Electre sa soeur. Celle-ci, restée à Argos, a vécu dans la rancoeur et le désir de la vengeance. Elle a ainsi subi les mouches, symbole du remords envoyé par les dieux aux habitants de la ville ; ainsi tous ont payé pour le crime d'Egisthe et de sa complice Clytemnestre. Cette implication du texte rappelle que la pièce les Mouches fut jouée pour la première fois sous l' occupation allemande, le gouvernement de Vichy ayant mis en place une politique de culpabilisation sur laquelle nous ne nous étendrons pas pour revenir à Oreste et à l' acte qui va le faire véritablement libre. Dès qu'il prend connaissance du rêve de sa soeur, il ne veut plus que le réaliser. Egisthe ne cherchera d'ailleurs pas à se défendre puisque