Les mécanismes de la révolution industrielle
Pour expliquer les mécanismes de la révolution industrielle, deux types de facteurs peuvent finalement être retenus: l'un privilégie le rôle de la technologie, l'autre envisage le changement essentiellement en termes d'organisation du travail.
Les facteurs technologiques
Un élément déterminant: le charbon
Nul doute, en premier lieu, que le passage d'une économie «organique», tirant de la terre l'essentiel de ses ressources, à une économie «minérale et énergétique» s'est étalé sur un temps très long, au cours duquel les deux types d'économie sont restés profondément imbriqués. Par exemple, l'Angleterre, qui avait utilisé très précocement la houille (dès le XVII e siècle), présentait encore, au milieu du XIX e siècle, les symptômes d'une économie dualiste, avec des secteurs énergétiques anciens toujours importants (manèges à chevaux et, surtout, moulins à eau).
Quant aux pays continentaux, qui n'avaient pas, comme la Grande-Bretagne, de réserves de charbon exploitables facilement et à faible coût, ils ne purent aller très vite dans la mise en place des innovations techniques telles que machine à vapeur et sidérurgie au coke. Les «transferts de technologie» furent certes nombreux dans le premier tiers du XIX e siècle (via les voyages, l'achat de machines et l'engagement de contremaîtres ou de techniciens britanniques par les patrons allemands ou français), mais ils ne concernèrent jamais que quelques établissements de pointe, et non l'ensemble de leur secteur d'activité. Certains pays ont répondu à la concurrence anglaise par des mesures protectionnistes, pour laisser à leur industrie le temps de se moderniser, mais la compétition brutale a pu produire aussi des effets de mise à niveau.
Un secteur de pointe: les chemins de fer
A cet égard, l'incitation produite par les chemins de fer fut sans doute primordiale: l'accélération décisive de leur construction intervint dès les années 1840 pour l'Angleterre, et