Les mémoires d'un compagnon, par agricol perdiguier
(d'après Les mémoires d'un Compagnon, 1855)
En 1854, Agricol Perdiguier est à Genève, exilé pour s'être opposé au coup d'État du 2 décembre 1851 de Napoléon III. Il était en effet un fervent républicain, et a même été élu représentant du peuple à l'Assemblée législative, le 13 mai 1849. À Genève donc, il finit de rédiger ses Mémoires d'un Compagnon, récit du Tour de France qu'il a effectué alors qu'il était apprenti, compagnon, puis premier compagnon. Dans cette autobiographie, il ne se contente pas de relater le parcours géographique qu'il a suivi. Il y ajoute des considérations esthétiques sur l'architecture des villes, des anecdotes visant à égayer le récit et surtout des illustrations de la vie quotidienne du compagnonnage, qu'il avait déjà décrit et expliqué dans son Livre du Compagnonnage en 1830. Plus qu'un retour sur une période heureuse de sa jeunesse, ces Mémoires sont l'occasion pour Perdiguier de condamner les dissensions qui existent entre les différents ordres. L'œuvre est, de plus, émaillée de petites considérations sur la vie quotidienne, la morale ou la politique. Puisque qu'Agricol Perdiguier juge nécessaire de décrire sa jeunesse au lecteur, nous commencerons par l'étudier jusqu'à son entrée dans le compagnonnage. Nous verrons ensuite que ces Mémoires servent de support à une description détaillée et pittoresque du compagnonnage, ainsi qu'à ces considérations sur le monde dans lequel il vit.
I] Une jeunesse marquée par les événements politiques
A) Enfance et famille
Naissance à Morières(-lès-Avignon) le 3 décembre 1805
De Pierre Perdiguier, menuisier, et Catherine Gounin, couturière – 7ème enfant sur 9 (dont 7 ont survécu)
Père n'est pas dans le besoin: a reçu des terres et des vignes comme dot de sa femme, possède des outils
Instruction très sommaire: Agricol sait tout juste lire, écrire et « calculer »
B) Le contexte politique
Naissance l'année d'Austerlitz (où l'armée de