Les métamorphoses de la question sociale - une chronique du salariat - robert castel
Une chronique du salariat
Robert Castel
Première partie : De la tutelle au contrat
La « question sociale » peut être caractérisée par une inquiétude sur la capacité de maintenir la cohésion d’une société. Cette menace de rupture est portée par des groupes dont l’existence ébranle la cohésion de l’ensemble. Les populations qui relèvent d’interventions sociales diffèrent fondamentalement selon qu’elles sont ou non capables de travailler, et elles sont traitées d’une manière différente en fonction de ce critère. Ce sont les clients potentiels du social-assistantiel. Une telle prise en charge peut poser des problèmes financiers, institutionnels et techniques difficiles. I. La protection rapprochée
« Assister » recouvre un ensemble extraordinairement diversifié de pratiques, qui s’inscrivent cependant dans une structure commune déterminée par l’existence de certaines catégories de populations démunies et par la nécessité de les prendre en charge. C’est donc une tentative pour dégager ces caractéristiques qui constituent la logique de l’assistance. De plus, cette configuration assistantielle doit continuer d’interférer à la fois pour prendre en charge cette population et pour l’occulter.
a. La sociabilité primaire Le social-assistantiel peut être caractérisé par opposition aux modes d’organisation collective qui économisent ce type de recours.
Le social ne doit pas être entendu ici comme l’ensemble des relations caractérisant l’humanité en tant qu’espèce dont le propre est de vivre en société. On va nommer « sociétale » cette qualification générale des rapports humains. Le « social » est une configuration spécifique de pratiques qui ne se retrouvent pas dans toutes les collectivités humaines. Une société sans social serait entièrement régie par les régulations de la sociabilité primaire c’est à dire les systèmes de règles liant directement les membres d’un groupe sur la base de leur appartenance