III A))) Citoyens soldats ou soldats citoyens ? Entre le début du VII° et la fin du VI° siècle, c'est l'ensemble du monde grec qui bouge. Dans toutes les cités d'Asie Mineure ou de Grèce continentale, des bouleversements politiques profonds se produisent et les anciennes monarchies héritées de la période mycénienne et des "siècles obscurs" disparaissent. Sur le plan militaire, les anciens combats "homériques" laissent la place à des batailles rangées, organisées en bataillons et en phalanges dans lesquels les fantassins jouent désormais un rôle de premier plan. Les citoyens sont donc amenés à participer de plus en plus nombreux à la défense de la cité et cette "révolution hoplitique" (οἱ ὁπλίται, les hoplites, soldats fantassins armés de la lance et du bouclier) s'accompagne de revendications politiques qui vont aboutir à des régimes différents. A Sparte s'instaure une oligarchie militaire dans laquelle les citoyens sont exclusivement des soldats, mobilisés à plein temps, vivant en caserne et ne s'adonnant à aucun travail agricole ou artisanal. Athènes choisit une autre voie qui la conduira, après une période oligarchique et un bref retour à la monarchie, à mettre en place au V° siècle un régime de nature démocratique. Mais Athènes, quoique démocratique, n'en demeurait pas moins une cité en armes et le citoyen devait toute sa vie à la défense de sa cité. Alors, à tous les niveaux et dans tous les domaines s'affirme la prégnance du modèle guerrier: dans la vie familiale, le soldat se pose, sur le flanc des vases attiques, en figure centrale autour de laquelle s'organisent les relations internes de l'oikos; dans la vie religieuse, les divinités de l'Olympe sont chacune dotées d'une fonction militaire spécifique: dans la vie morale, la valeur d'un homme consiste avant tout dans le courage qu'il manifeste sur le champ de bataille ou l'attend la "belle mort", la seule à avoir une signification sociale. Cependant, contrairement au système qui prévalait dans les