Les Palestiniens d'Israël
En Mars 2012, Salim Joubran, juge de la Cour Suprême et palestinien d’Israël, a refusé de chanter l’hymne national israélien lors d’une cérémonie officielle. Cet incident ravive le débat sur les rapports de l’Etat aux non-juifs, tout en posant la question de l’identité des Palestiniens d’Israël. Ceux-ci constituent aujourd’hui 20% de la population totale, ce qui fait d’eux « la plus grosse minorité » d’Israël. Depuis 1948, ils possèdent la nationalité israélienne. Cette minorité arabe vit pourtant dans un pays en conflit avec ses voisins, qui sont précisément arabes, et son identité est pleine de paradoxes. Depuis les années 1960, on observe une « palestinisation » au sein de cette communauté, autrement dit une tendance à se définir de plus en plus comme palestinien et de moins en moins comme arabe. Pourtant, la grosse majorité des Palestiniens d’Israël se perçoit comme citoyen israélien et 84% d’entre eux n’envisagent pas de s’installer ailleurs, même si un Etat palestinien était créé. Ce n’est donc pas seulement la situation des Palestiniens d’Israël qui est complexe et paradoxale, mais bien leurs positionnements et leurs sentiments d’appartenance. En quoi les comportements, les idées et les sentiments identitaires des Palestiniens d’Israël recèlent-ils de contradictions? Comment peut-on expliquer ces paradoxes ?
Nous verrons tout d’abord en quoi les Palestiniens d’Israël se définissent de façon contradictoire. Puis nous verrons en quoi ils constituent une communauté à part, ayant sa propre identité et ses propres revendications.
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Il apparaît tout d’abord que les Palestiniens d’Israël se définissent de façon contradictoire comme à la fois Palestiniens et Israéliens. Depuis les années 1960, nous observons une « palestinisation » croissante des Palestiniens d’Israël, qui indique l’existence chez eux d’un véritable sentiment national palestinien. Cette évolution répond au contexte international, marqué notamment