Les passions
Le mot passion a un sens large et un sens plus étroit. Pour Descartes et les cartésiens, il s'oppose au terme action, et désigne les phénomènes affectifs. Bossuet définissait la passion comme :
« un mouvement de l'âme qui, touchée du plaisir ressenti ou imaginé dans un objet, s'en approche ou s'en éloigne.-»
Les Modernes entendent par « passion » un sentiment ou un désir pervertis ou exagérés ou portés à leur plus haut degré d'intensité.
Ce qui caractérise la passion et la distingue essentiellement de l'inclination, c'est qu'elle est exclusive. Théodule Ribot, a très fortement soutenu que la passion est dans l'ordre affectif ce qu'est l'idée fixe dans l'ordre intellectuel. Alors qu'à l'état normal l'humain poursuit des fins diverses, dans la passion, cet équilibre des inclinations est rompu et toute l'énergie se dirige vers un même point. Cette rupture d'équilibre tient à des causes multiples : les unes sont extérieures, par exemple le milieu physique et le milieu social, l'éducation, les lectures, l'imitation; les autres sont intenses : c'est tantôt une prédisposition innée, héréditaire ou accidentelle; c'est parfois une sorte d'inquiétude, d'ennui de ce que l'on sent son activité sans objet, c'est aussi l'imagination qui rappelle, exagère, embellit l'objet du désir.
Les moralistes ont très diversement apprécié cette rupture d'équilibre des inclinations qui constitue la passion. Les Stoïciens, pour qui le souverain bien consiste avant tout dans la domination de soi-même, voient dans la passion une maladie de l'âme. Certains littérateurs, tels que George Sand, célèbrent la passion comme quelque chose de divin qui élève l'humain au-dessus de l'humanité. Le réformateur Fourier considère que l'attraction passionnelle doit jouer dans le monde social le même rôle que la gravitation dans le monde physique. Il est certain qu'il n'est ni désirable ni possible de supprimer la passion. Tout créateur, tout artiste est inspiré par une