Dans l’Écriture, le langage des pauvres est extrêmement riche du point de vue social ; il recouvre naturellement les économiquement faibles, mais aussi diverses catégories d’affligés et d’humiliés, diverses situations de faiblesse, de détresse, d’oppression, de déconsidération sociale (par suite de la maladie, de la calomnie, de fausses accusations, de jugements iniques, de différentes épreuves physiques et morales) entraînant l’humiliation, voire l’exploitation, qui débordent la simple question de la pauvreté économique, tout en la recouvrant en bien des cas.
Ces situations fort diverses transparaissent en particulier dans la prière des Psaumes. On pourrait dire que l’un des constantes du langage biblique des pauvres est celui de l’abaissement
“ Nous constatons qu’aucun des termes hébreux ou araméens … ne correspond exactement à l’idée que le mot “pauvre ” évoque dans le langage qui nous est familier. Nous voyons dans la pauvreté une “ possession de peu ”, avec les gênes et les privations que cette situation entraîne. Le Sémite est plus sensible à l’infériorité sociale qui fait des gens de condition modeste la proie des puissants et des violents, leur attire toutes sortes de vexations et d’humiliations, les empêche de se faire rendre justice. Le pauvre nous apparaît comme un dépourvu, les Juifs le regardent comme un homme sans défense

Ce qui complique, mais aussi enrichit , c’est que le langage social des pauvres, des petites gens, des humbles, va s’ouvrir à une dimension religieuse. « Les pauvres » vont devenir vont devenir les humbles en opposition aux orgueilleux. Cela ne doit pas faire perdre de vue le sens originel, qui subsiste toujours à l’arrière plan : un pauvre qui ne connaît aucune humiliation, aucune situation de détresse, n’est pas un pauvre biblique.
Une réduction du langage biblique des pauvres et de la pauvreté à une signification spirituelle manquerait de vérité et de réalisme. Elle risquerait aussi de masquer le