Les paysans et la république (1870-1940)
À la veille de la seconde République les campagnes représentent 75 % de la population française et le monde rural reste prépondérant puisqu’au début des années 1910, c’est encore 56 % de la population française qui vit dans des communes de moins de 2 000 habitants. Ce poids démographique a donc des conséquences sur la vie politique française. On peut considérer que les paysans sont véritablement apparus sur la scène politique lors de l’élection au suffrage universel du président de la République le 10 décembre 1848. En retrait sous le Second Empire, ils se retrouvent au centre des préoccupations politiques de la troisième République de 1870 à 1940. D’une masse analphabète et désintéressée des questions politiques, les paysans sont devenus des citoyens à part entière durant cette période. En quoi ces années constituent-elles l’éveil politique de la paysannerie ? En quoi sont-ils devenus un enjeu politique majeur pour les républicains ? Ont-ils subi les influences d’une République lointaine ou ont-ils réellement pris part à la vie du régime ?
I) 1870-1879 : une progressive acceptation de la République
1-L'opposition rurale à la République
Comment cette paysannerie se situe-t-elle politiquement ? Une République illégitime et boudée par les campagnes. Ses choix électoraux s’exercent souvent dans un sens conservateur, par fidélité au passé ou à ceux qui l’incarnent. Aux élections législatives du 8 février 1871 est élue une Assemblée de droite. La première réaction du suffrage universel rural est donc de faire confiance aux élites traditionnelles, de confirmer dans leur préséance ceux qui depuis des siècles président aux destinées des petites unités territoriales dont se compose la société française. L’idée républicaine n’a pas encore pénétré les campagnes.
2-L'après mai 1871 : la conquête des campagnes, le vote paysan consolide la République
Puis, peu à peu les campagnes évoluent, leurs voix se déplacent, elles