Les pensées de pascale
Les premières liasses des Pensées : archite cture et signification
(XVIIe siècle, n°177 (spécial Pascal), oct./déc. 1992, pp. 451-468.)
halshs-00295168, version 1 - 16 Jul 2008
Longtemps négligées, ou utilisées pour faciliter le déchiffrement des redoutables autographes pascaliens, les deux copies des Pensées que conserve la Bibliothèque Nationale sont aujourd’hui considérées comme la base d’une édition objective du chef-d’œuvre de Pascal. Grâce à ces documents, et depuis les travaux de Tourneur et de Lafuma, l’éditeur des Pensées propose un texte dont la disposition même est le fait de Pascal. D’un point de vue philologique, le bénéfice est incontestable. Mais il semble que, jusqu’à présent, ce progrès dans la connaissance des brouillons de l’Apologie n’a pas nourri autant qu’on pouvait l’espérer les efforts d’interprétation. On continue bien trop souvent à s’interroger sur la signification des fragments pascaliens sans tenir compte de leur appartenance à des liasses spécifiques, elles-mêmes pièces d’une architecture plus complexe, que figure (pour les vingt-huit premières) la table des titres. Il est vrai que les deux notions posent problème. Peut-on regarder les liasses comme des chapitres entre lesquels Pascal aurait tenté, à un moment donné, de répartir sa matière ? Comment s’explique alors la faible homogénéité apparente de certaines ou — phénomène symétrique mais plus troublant encore — le retour des mêmes thèmes, voire de réflexions similaires, dans des liasses différentes ? Quant au classement de ces premières liasses, il n’instaure point un ordre éclatant. Comment justifier ainsi que la liasse intitulée “Commencement” occupe la douzième position et que le quinzième dossier se présente comme une “Transition de la connaissance de l’homme à Dieu”, alors que le mouvement anthropologique de l’apologie s’est achevé avec la liasse 10 et que le point de bascule de la pensée paraît