Les personnages
Les personnages sont identifiables socialement et, là encore, sont symboliques d'une époque: des courtisanes. Or si ce personnage de la courtisane est si important, c'est que pour Zola, il représente bien le régime corrompu et corrupteur: tout s'achète, tout se vend. Il n'est pas de personnage important du
Second Empire qui n'entretienne une courtisane. Les courtisanes sont désignées ici par leur surnom, qui est aussi souvent un pseudonyme: Gaga, Tatan Néné, Rose Mignon,,,Un autre métier emblématique du temps mentionné dans le passage est celui de journaliste (« Mignon avait fini par pousser le journaliste [Fauchery]»: le journaliste est lui aussi corrompu puisqu'il se compromet à fréquenter le pouvoir. Chacune de ces femmes dépend de l'un des hommes qui les attendent et qui hâteront leur départ. L'utilisation du discours direct permet à Zola de « faire entendre » de façon immédiate les personnages par le lecteur et d'imiter les tournures familières d'un certain milieu. Exemples: « une époque de panés et de grigous...j’ai crevé la faim, moi qui vous parle!...en voilà encore une canaille...Qu’est-ce que ça nous fiche...m’a-t-on fait enrager avec celui-là...nous flanquer une jolie tripotée...Filons, filons, mes petites chattes »
La narration elle-même se charge de rendre compte de cette façon de parler et de penser propre aux courtisanes au moyen du discours indirect libre: « Blanche, ayant toujours sur le coeur l’expulsion de son Prussien, osa défendre Bismarck. Il n’était peut-être pas méchant. Chacun son métier. Elle ne put continuer. Ces dames se jetaient sur elle. », « Hein? quoi? une tripotée! C’était Bismarck qu’on allait reconduire chez lui, à coups de crosse dans le dos. Avait-elle fini, cette mauvaise Française! »,
Les discussions des femmes qui abordent plusieurs sujets de façon légère ou badine, en contraste avec la situation (elles se trouvent au côté d'une morte), sont elles aussi révélatrices de leur «