C'EST UN FAUX, socle d'une rumeur de régularisation qui conduit des sans-papiers aux guichets des préfectures. Une enquête des renseignements généraux de la préfecture de police de Paris est en cours pour établir sa provenance. Depuis cet été, un document intitulé « dossier cimade.txt » circule dans les files d'attente des bureaux des étrangers de Cergy et de Paris, et sans doute au-delà. Quelques pages à la dactylographie vieillotte prétendent émaner de la Cimade, ce que cette association de soutien aux migrants en voie d'expulsion, aux demandeurs d'asile et aux réfugiés politiques dément de façon formelle. Elles énoncent huit « catégories de personnes régularisables », dont notamment des « célibataires sans charge de famille ». Et détaillent foule de « critères » et autres « preuves de présence sur le territoire »... qui n'ont plus cours depuis des années.
D'où vient ce faux ? Qui a intérêt à sa diffusion ? Cherche-t-on à piéger des clandestins pour qu'ils se rendent volontairement en préfecture ? Avertie il y a une quinzaine de jours, la Cimade a envisagé de porter plainte. A force de recherches, elle a retrouvé l'origine du texte : il correspond à la circulaire de régularisation de 1997. Un guide pratique réalisé en juillet 1997 par l'association, mais à la typographie différente, est en ligne sur le site Pajol. La mention « archive » a été ajoutée hier en rouge à sa demande. Restent ces interrogations : « S'agit-il de nous nuire ?
S'agit-il d'inciter les gens à se déclarer auprès de l'administration ? Comment et par qui ce texte est arrivé entre les mains de sans-papiers, sans date ? » questionne Jérôme Martinez, l'un des responsables de la Cimade.
« Intention de nuire »

De fait, l'association a été sollicitée à de multiples reprises par des étrangers, en situation irrégulière, persuadés d'une possible sortie de la clandestinité. « Ils vivent dans une telle angoisse qu'ils se raccrochent à la moindre bribe d'espoir. Or, en ce cas, ils