Ce texte pictural constitue la description, sous un ciel brumeux, d’une construction de ponts, présentée de manière très géométrique. En effet, leur forme ainsi que la manière dont ils sont situés les uns par rapport aux autres sont dépeintes longuement. Il est également question d’une émergence de sons qui forment une musique incertaine, ainsi que de la perception de costumes. Mais au retour de la lumière, cette représentation disparait. Le paysage décrit semble appartenir à un monde déformé, imaginaire et insolite, totalement créé par l’instance énonciatrice. Il peut être lu comme une œuvre d’art. Divers éléments textuels convergent vers cette hypothèse : Tout d’abord, le pluriel de « ciels » est quelque peu inhabituel (il est en effet plus coutumier de retrouver la forme « des cieux » ou le singulier « un ciel ») ; il apporte un effet de foisonnement, d’abondance. Par ses connotations de magnificence et de raffinement, la métaphore in absentia « de cristal » s’oppose à l’adjectif qualificatif « gris », qui évoque plutôt la tristesse et la fadeur ; l’association de ces deux éléments textuels est donc quelque peu oxymorique et s’accommode bien avec l’hypothèse selon laquelle on passe du monde réel à un monde imaginaire et déformé, du fait qu’elles mettent en avant un contraste entre apparence et réalité, d’autant plus que le cristal dégage également des connotations d’artifice. Par ailleurs, les syntagmes « ciels gris » et « bizarre dessin » forment un chiasme qui met en avant une anomalie, un décalage (« gris » et « bizarre » sont mis en relief). Les métaphores in praesentia « se croisent » et « filent » ont des connotations de confusion, d’hybridité pour le premier, de vitesse et de légèreté pour le second. Il y a également une idée de déplacement, surtout dans le verbe « se croisent », qui dénote la traversée d’un lieu à un autre. De plus, l’épithète « bizarre » annonce que l’on est dans le domaine de l’insolite, de l’atypique. Enfin, la thématique du