Les poètes maudits
La malédiction littéraire : Notes sur la constitution du mythe Depuis une trentaine d’années, plusieurs chercheurs se sont intéressés au phénomène des poètes maudits. Diana Festa-McCormick remarquait avec justesse en 1980 que, si les Poètes maudits publiés par Verlaine en 1884 avaient eu un tel retentissement, si le concept de « poète maudit » « was able to claim so many past and present poets among the disciples of gloom and neglect1 », c’est moins en raison de la qualité des analyses proposées par Verlaine dans son ouvrage que parce que le phénomène de la malédiction du poète avait connu, bien avant la publication des Poètes maudits, une large diffusion. L’essai de Verlaine avait ainsi consacré un mythe préexistant, déjà fortement ancré dans l’imaginaire littéraire.
Cette stimulante perspective conduit à s’interroger sur les origines et les phases de la constitution de ce mythe de la malédiction littéraire. Admettrons-nous, avec Festa-McCormick, que le mythe trouve son origine dans les articles que Baudelaire écrivit sur Egdar Poe en 1852 dans La Revue de Paris? Suivrons-nous plutôt Gwendolyne Diane Gwin2 et Ales Pohorsky3 qui voient en Vigny le véritable concepteur de la malédiction littéraire, ou nous accorderons-nous avec Jean-Luc Steinmetz4 qui a plutôt proposé de remonter jusqu’aux poèmes de Nicolas Gilbert, un poète du XVIIIe siècle dont les malheurs alimentères de nombreuses œuvres du XIXe siècle? Comment un tel mythe, qui a orienté des vies entières aux XIXe et XXe siècles, a-t-il pu éclore et se développer? Quelles ont été les phases de sa constitution et les conditions de son maintien, comme paradigme herméneutique, au XIXe siècle. C’est à des questions semblables que notre communication cherchera à apporter des réponses.
Résumé :
La présente communication se penchera sur le problème des « origines » du mythe de la malédiction littéraire. On verra d’abord brièvement les principales thèses