Les Premiers Recueils De Contes De F Es
38Si un titre comme La Princesse des prétintailles peut encore s’inscrire dans la littérature féerique des dernières années, L’Origine des cornes ou l’Inconstance punie, autre conte des Nouvelles diverses du temps, relève davantage d’une veine populaire légère qui est celle des contes en vers de La Fontaine, veine toujours vivace à l’époque, et notamment dans les recueils de bons mots et de chansons47.
39Le recueil, en 1702, prend donc de plus en plus la forme du pot-pourri. Si l’on manifeste encore, cette année-là, le souci d’une apparente cohérence, elle est de pure forme chez Mme d’Auneuil. Que le texte d’encadrement existe ou non, les mixtures des petites formes sont, au tournant du siècle, de moins en moins homogènes. De ce creuset, le conte de fées ne sort pas indemne. Il perd tout d’abord l’exclusive ; ensuite la promiscuité des textes de types différents semble le contaminer. Le genre féerique s’y métamorphose au contact d’autres formes littéraires. Ses modes d’écriture se dévoyant, le recours aux stéréotypes féeriques tend de plus en plus vers la caricature. Le genre est mûr, dès lors, pour la parodie voyante, d’où il tirera une énergie vitale qui lui permettra de réaffirmer son identité. Cette force, déjà en germe chez les premiers conteurs, a vocation à s’affirmer davantage au fur et à mesure que les recettes sont réutilisées. Les contours du conte, à l’origine plutôt imperméables à leurs récits d’encadrement – au moins en apparence, hormis quelques jeux spéculaires appuyés çà et là – deviennent ostensiblement poreux, en ces années de transition, et leurs univers de référence se recouvrent de plus en plus48.
La dialectique éditoriale du conte et du recueil
40Reste à se pencher, pour terminer, sur les méandres de la diffusion des contes écrits. Le choix de