Les rectifications de l'orthographe française
Politique et aménagement linguistique : les Rectifications de l'orthographe française publiées en 1990.
JM ELOY
Introduction
On a beaucoup parlé d'orthographe depuis deux ans, en France et dans les pays francophones, à propos des propositions de "rectifications" publiées à Paris en décembre 1990.
Outre que tout francophone peut se sentir concerné, cette opération de politique linguistique, et d'aménagement de la langue, portant sur une langue de communication internationale, peut présenter un intérêt plus général.
Nous donnerons ici une présentation historique des faits ; le commentaire sera limité, car le bilan de l'opération peut à peine commencer.
1 Origine et besoins.
Sans remonter aux origines (on parle de réformer la graphie du français depuis le 16e siècle !), il suffit de rappeler l'étonnant immobilisme qui régnait en la matière depuis quelques décennies, bien qu'il ne se passe jamais plus de dix ans sans qu'on remette l'orthographe à la une des journaux de France. Mais au cours de l'hiver 88-89 et de l'été 89 différentes prises de position, de l'Académie française, du principal syndicat d'instituteurs, de linguistes, de sociologues, avaient peu à peu fait monter une véritable effervescence à ce sujet dans la presse.
De ce débat dans la presse, on pouvait retirer l'idée qu'une réforme susciterait de grandes disputes et résistances, mais que des modifications restreintes, portant sur des anomalies, seraient plus facilement acceptées.
Les responsables politiques, indépendamment de cette dispute dans la presse, avaient pu établir une sorte d'analyse des besoins, qui, semble-t-il, pourrait être présentée en quatre points : a- Les spécialistes constatent des dysfonctionnements internes du "polysystème de l'orthographe du français" : outre les anomalies de toutes sortes, de nombreux points ne sont pas fixés, dans le stock de mots déjà