Les regrets de joachim du bellay
a - Introduction
Lorsque Joachim Du Bellay, âgé de 31 ans, parvient à Rome en juin 1553, c'est comme intendant du cousin de son père, le cardinal Jean Du Bellay auquel le roi Henri II vient de confier une mission délicate : négocier avec le pape une alliance contre l'empereur Charles Quint.
b - Les Regrets
Ce recueil, le plus connu, qui parait 9 ans après le précédent, L'Olive (1549), est d'une tonalité différente : il ne s'agit plus d'un canzoniere, c’est-à-dire de poèmes amoureux adressés à une dame. Les Regrets ont en effet pour sujet les malheurs et les espoirs d’un exilé à Rome. Le thème du voyage présent tout au long de l’œuvre exprime l’idée de la pérégrination de l’âme sur cette terre. Après la définition de l’orientation du recueil (Ad Lectorem, À Monsieur d’Avanson, À son livre), viennent 5 sonnets qui précisent la poétique générale de l’œuvre. Puis 44 sonnets élégiaques (sonnets 6 à 49) précèdent 107 sonnets satiriques (sonnets 50 à 156) suivis par 36 sonnets de louange (sonnets 157 à 191). Cette œuvre est l’aventure d’un « je » qui s’appelle Du Bellay puisqu’il est ainsi nommé dans le texte. Rien ne permet d’affirmer que Du Bellay, de retour de Rome, n’a pas écrit tel sonnet satirique sur la cour papale ou tel autre sur la douleur d’être exilé, même si au sonnet 1 il parle de « papiers journaux ». En effet, la détermination des ensembles de sonnets est complexe puisque, par exemple, le sonnet 87, à tonalité élégiaque, se trouve dans un groupe de sonnets satiriques, tandis que le sonnet 29, à tonalité satirique, se trouve dans un groupe de sonnets élégiaques. Il n'existe donc pas de lecture univoque. Élégie et satire ne se distinguent pas nettement : les sonnets 5 et 89, qui font la satire du pétrarquisme pour le premier et celle des poètes imitateurs des héros de l’Arioste pour le second, sont également des sonnets élégiaques. Du Bellay emploie le terme de « commentaires » (sonnet 1) pour définir ses