Les regrets
Les Regrets (1558) : recueil de poème écrit lors de son voyage à Rome comprenant 191 sonnets d’alexandrins. Son sujet principal est son retour dans son pays natal.
Défense et illustration de la langue française (1549) : manifeste littéraire qui rassemble les idées des poètes de la "Pléiade" concernant l’enrichissement de la langue française, appelée à devenir une langue de référence.
2. France, mère ou maîtresse ?
- Comme souvent dans les Regrets Du Bellay « recycle » un matériau poétique existant déjà, en le détournant de sa fonction première ; c’est le cas du vocabulaire amoureux. Un clin d’œil très visible est l’utilisation de l’adjectif cruelle, massivement employé dans la poésie amoureuse pour se plaindre des dédains de la dame aimée (par exemple chez Ronsard, Baïf, Jodelle). Inversement, l’allusion à la nymphe Echo évoque les dédains amoureux de Narcisse. Ce qui fait l’originalité de Du Bellay c’est précisément de faire une poésie nouvelle à partir d’un matériau qui n’a rien d’original.
- Ce détournement de la rhétorique amoureuse substitue donc la mère à la maîtresse, avec la métaphore filée de la terre nourricière. Le poème repose sur un réseau de sens complexe : de la même façon que l’agneau Du Bellay s’oppose aux loups, la brebis France allaitant son agneau rappelle la louve romaine allaitant Romulus et Rémus. L’image n’est pas fortuite : le poème est nettement polémique et nationaliste. Le premier vers est en soi un défi, car à l’époque c’est l’Italie et non pas la France qui est considérée comme la mere des arts, des armes, et des