Les régimes totalaitaires
Utilisé dans les années 1920 par Mussolini pour désigner le régime qu’il voulait mettre en place en Italie, le mot totalitarisme a fini par englober les régimes de type nouveau qui, au lendemain de la Première Guerre mondiale, voient le jour en URSS, en Italie et en Allemagne.
Condamnant les principes de la démocratie libérale, ils prétendent contrôler totalement la société pour forger un « homme nouveau ». Culte du chef, parti unique, embrigadement de la jeunesse, terreur de masse, persécution systématique des opposants, telles sont les caractéristiques majeures des régimes totalitaires dont les crimes ont endeuillé le premier 20e siècle et dont les origines soulèvent toujours de nombreuses questions.
Comment expliquer l’adhésion massive de ces peuples aux régimes totalitaires ?
En quoi le totalitarisme nazi se distingue-t-il fondamentalement du communisme soviétique et du fascisme italien ?
I. La naissance des régimes totalitaires
A. Le stalinisme en Union soviétique. La dictature du prolétariat
Arrivés au pouvoir en octobre 1917, les bolcheviks inaugurent immédiatement un régime politique rompant brutalement avec les principes de la démocratie libérale qui s’étaient étendus en Europe depuis le milieu du 19e siècle. En janvier 1918, l’assemblée constituante, élue au suffrage universel, mais qui avait donné la majorité aux adversaires des bolcheviks, est dissoute dès sa première réunion.
Dans le climat de guerre civile qui déchire la Russie, Lénine installe la dictature du prolétariat. Durant cette phase qu’il déclare provisoire, mais dont la durée n’est pas précisée, les libertés de presse et de réunion sont suspendues, tandis que la police politique, la Tcheka[1], s’arroge le droit du juger sommairement et d’exécuter les opposants, sans les déférer devant un tribunal. La Tcheka expérimente aussi un nouvel instrument de répression : les camps de travail, où sont enfermés ceux qui sont soupçonnés d’être hostiles au